Pourquoi les Femmes et certaines tranches d'Âge sont-elles en marge de la Connectivité en Afrique ?

Le paradoxe d’une Afrique qui se numérise tout en délaissant Femmes et Jeunes.

L’Afrique est un continent contenant 54 pays reconnus et environ 1.5 milliard d’habitants en 2025 selon Population d'Afrique (2025)

Bien que ce continent soit en pleine expansion depuis plusieurs décennies, l’accès inégal à internet pour les femmes et certaines tranches d’âge reste très marqué. En effet, ceci s’explique par une combinaison d’obstacles structurels tels que des facteurs politiques, culturels, socio-économiques, éducatifs et technologiques.

Systèmes politiques, politiques publiques & régulations

Les systèmes politiques ainsi que les politiques publiques et les régulations ont un impact sur l’accès aux technologies. Par exemple, certaines politiques publiques incluent moins fréquemment des approches spécifiques en matière d’égalité de genre dans l’accès aux technologies, y compris l’Internet. 

L’accès des femmes aux outils numériques ou à l’éducation peut être également influencé par les contextes familiaux et la culture locale. Ainsi, les femmes peuvent avoir un accès limité aux sources d’information, de communication et d’autonomisation. Par ailleurs, certaines pratiques culturelles valorisent prioritairement l’éducation des garçons, les filles étant traditionnellement orientées vers des rôles domestiques ou matrimoniaux.

Inégalités de genre

Sur le continent africain, comme partout dans le monde, les normes sociales et culturelles influencent les rôles attribués aux femmes et aux hommes, ce qui peut avoir un impact sur l’accès des femmes à l’éducation, à l’autonomie économique et aux technologies. Ces normes se traduisent par des juridictions spécifiques. Par exemple, au Niger et en République Démocratique du Congo, une loi exige l’accord du conjoint pour l’ouverture d’un compte bancaire par une femme mariée, limitant l’autonomie financière et l’accès aux services numériques.

De plus, dans certains contextes familiaux, les femmes peuvent rencontrer des obstacles à l’usage des technologies. Cela peut restreindre leur accès à l’information et à des outils numériques qui pourraient favoriser leur autonomie personnelle et économique.

Ces dynamiques se retrouvent aussi dans le domaine économique. En plus d’un salaire inférieur, les femmes ont souvent moins de contrôle sur les ressources économiques et financières, influençant leur capacité à acquérir des équipements numériques. Selon APAnews - Agence de Presse Africaine, 60 % des adultes exclus des services financiers en Afrique sont des femmes. 

Incidence de l'âge

L’âge a un fort impact sur l’accès à l’éducation des filles et à la technologie. Les filles et adolescentes, entre 10 et 18 ans, sont moins scolarisées en raison de normes sociales liées au genre. De ce fait, elles ont un accès limité à certaines matières numériques comme les sciences, la technologie, l’ingénierie, les mathématiques et acquièrent peu, ou pas, de compétences dans l’usage d’outils numériques. 

Les jeunes femmes, entre 18 et 35 ans, sont nombreuses à ne pas finir leurs études secondaires ou supérieures. Le taux d’inscription des femmes dans les formations technologiques est faible, la Guinée par exemple, compte 6% de femmes chercheuses selon Accroître la participation des femmes africaines dans les carrières dans les domaines de la science, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques | AUDA-NEPAD.

Les femmes adultes, entre 35 et 50 ans, font partie d’une génération formée avant la généralisation du numérique. De ce fait, l’exposition et leur familiarité à l’informatique et à l’apprentissage en ligne est très limitée. Cela peut entraîner une dépendance vis-à-vis de leurs enfants ou d’un proche pour utiliser Internet et les ressources numériques, en particulier en l'absence de formations ciblées.

Les femmes âgées, à partir de 50 ans, ont un taux d’analphabétisme particulièrement élevées. En effet, selon Système éducatif en Guinée — Wikipédia, en 2023, en Guinée, le taux d’analphabétisme féminin était de 75 %, avec une majorité de cette population vivant en zone rurale. Ce faible accès historique à la scolarisation contribue à une moindre familiarité avec les technologies numériques, pouvant conduire à l’isolement du numérique et de l’informatique à cause d’un manque de compétences. De plus, les personnes plus âgées peuvent être méfiantes vis-à-vis des outils numériques à cause des dérives existantes.

L'éducation, facteur clé de la connectivité 

L’éducation et la scolarisation des femmes jouent un rôle essentiel dans l’accès à la technologie et à la connectivité. En Afrique, le taux d’alphabétisation est disparate : selon Taux d’alphabétisation des femmes âgées de 15 à 24 ans en Afrique | TheGlobalEconomy.com, en 2022, les pays tels que l’Ile Maurice, l’Afrique du Sud et la Namibie connaissent un taux d’alphabétisation des 15-24 ans d’en moyenne 97%. Cependant, dans des pays tels que le Niger, le Tchad et le Soudan du Sud, l’alphabétisation des femmes âgées de 15 à 24 ans est bien plus faible, 20% en moyenne. C’est aussi dans les pays où le taux d’alphabétisation est faible que les compétences en matière numérique sont plus limitées et inégales. 

Ces données sont alimentées par le manque d’opportunités de formation technique ou digitale pour les femmes et des normes sociales excluant les femmes de l’éducation et de la technologie dès leur plus jeune âge à cause du climat politique et des lois de certains pays d’Afrique.

Coût & infrastructures

Afin d’accéder à la technologie dans son entièreté, un financement élevé est nécessaire. En sachant que les femmes gagnent des revenus inférieurs aux hommes, le numérique devient un service inabordable pour beaucoup d’entre elles. De plus, des subventions pour l’achat d’appareils électroniques ou d’Internet sont peu ou non existantes : en Tanzanie, le gouvernement a lancé en 2023, un programme visant à l’acquisition de smartphones par les citoyens grâce à des prêts. Cette initiative est menée en collaboration avec les entreprises de téléphonie mobile locales (Tanzanie : le gouvernement dévoile un programme de financement de smartphones à l’endroit des citoyens). Cependant, même si des subventions existaient, les infrastructures et la qualité de l’électricité, notamment en zones rurales, sont très limitées, rendant compliqué l’accès au réseau et la recharge des appareils compliquée.

Bien que 85 % de la population africaine ait accès à des services mobiles à haut débit de troisième génération, seuls 60 % sont couverts par des services de quatrième génération, et seulement 11 % par la cinquième génération. (Nations Unies)

Sécurité & harcèlement en ligne

Un manque de sécurité et une peur des représailles empêchent les femmes et amènent les parents à limiter l’accès à la technologie aux enfants. En effet, cet environnement numérique peut être vu comme hostile, le cyberharcèlement et la violence en ligne dissuadent beaucoup de femmes à s’exprimer et à participer, beaucoup de parents restreignent l’accès en ligne. Ainsi, les femmes et les enfants se retrouvent à l’écart de l’éducation en ligne et de la technologie permettant le développement de compétences.

De plus, les femmes s’autocensurent par peur des conséquences : selon Women Press Freedom (Enlèvements, agressions et censure : l’état de la liberté de la presse pour les femmes journalistes en Afrique — Coalition pour les femmes dans le journalisme), au Nigéria, les femmes journalistes sont confrontées à une violence croissante, incluant des agressions physiques, des enlèvements, et du harcèlement en ligne. Ces violences ont un impact sur leur santé mentale et leur performance professionnelle, les incitant à s'autocensurer ou à se retirer du journalisme.

Solutions, changements & évolutions

De nombreuses solutions existent afin de démocratiser l’accès au numérique aux femmes et aux différentes tranches d’âge. Afin de garantir une évolution positive, des politiques publiques et ses systèmes socio-économiques inclusifs permettant l’intégration des femmes au numérique devraient être mis en place. Par exemple, le programme Intel® She Will Connect : Combler les écarts entre les sexes dans le domaine de la technologie, offre une formation numérique accessible à des milliers de femmes en Afrique subsaharienne. De plus, les politiques pourraient encourager les femmes à entreprendre à travers des villages connectés, comme les Smart Villages au Rwanda (Comment l’approche des villages modèles verts a stimulé la transformation verte des zones rurales au Rwanda | Programme des Nations Unies pour le développement). Des investissements publics pour étendre l’accès à Internet en haut débit, notamment en zone rurale, éviterait les disparités existantes au sein d’un même pays.

Des pratiques féministes telles que la sensibilisation à travers des campagnes communautaires ou la mise en avant de femmes africaines dans la technologie, le numérique et les médias engagerait d’importants changements dans les normes. Par exemple, Rebecca Enonchong est la pionnière de la tech en Afrique francophone en fondant AppsTech au Cameroun, une entreprise de logiciels d'entreprise opérant à l'international. Cette sensibilisation passe aussi par l’éducation dès le plus jeune âge des garçons au rôle féminin dans l’économie numérique afin de déconstruire les stéréotypes.

Du côté de l’éducation, la création de programme numérique ou des formations à la technologie pour les femmes de tout âge permettrait une autonomie accrue. De plus, à l’école, encourager la participation et l’inclusion des filles dans la technologie, l’ingénierie et les mathématiques. Par exemple, Regina Honu a créé la première académie technologie pour filles au Ghana. 

Afin d'accroître la sécurité et la confiance de celles et ceux qui utilisent internet, une protection juridique renforçant les droits numériques et veillant à la confidentialité et à l’expression libre en ligne pourrait être implantée comme au Kenya, Data Protection Act depuis 2019 ou au Nigeria avec le Nigeria Data Protection Act depuis 2023. 

Impact de DataCup 

DataCup est une solution innovante qui facilite l'accès à des ressources numériques en zones à faible connectivité, notamment en Afrique. En fournissant un accès localisé à des contenus éducatifs et professionnels, DataCup peut avoir un impact significatif sur la connectivité des femmes et de certaines tranches d'âge en Afrique.

Tout d’abord, DataCup permet un accès à des contenus offline très variés : vidéos, audios, textes, sélectionnés et choisis par notre partenaire local. Ceci permet aux femmes et aux jeunes d’accéder à l’information numérique, à un certain encadrement scolaire et à des formations professionnelles, en particulier dans les zones rurales, souvent privées d’accès à Internet.

De plus, avec un déploiement de DataCup dans des écoles, centres de formation et communautés locales, notre solution bénéficiera aux populations souvent exclues des infrastructures numériques traditionnelles. Ainsi, les femmes et les jeunes, confrontés à de nombreux obstacles politiques, économiques et sociaux, auraient accès à des contenus sécurisés, libres et formateurs. La fracture numérique entre les sexes et les générations serait donc réduite.

Un dernier mot...

L’accès à Internet et à la technologie en Afrique pour les femmes et certaines tranches d’âge restent un défi majeur. Bien que le continent soit en perpétuelle développement, les politiques autoritaires, l’exclusion sociale, les inégalités de genre et de revenus, la sécurité et les infrastructures limitées freinent la dynamique de l’Afrique. 

Pour surmonter ces challenges, une approche systémique incluant politiques publiques, changement social et égalité des sexes, éducation, infrastructures et sécurité sont des éléments clés afin de stopper la reproductivité des normes.

dans DataCup
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